En tant qu’économie axée sur la consommation, le commerce et le tourisme, le Maroc pourrait connaître des pertes importantes en 2020. Jusqu’à présent, les principaux secteurs touchés sont le tourisme, l’automobile et le textile.
Le transport et le transit des marchandises s’opérant normalement, l’impact du Covid- 19 sur le commerce semble pour l’instant jugulé. Des risques de baisse d’approvisionnement et de demande étrangère, notamment en provenance de l’UE, pourraient, en revanche, survenir à l’avenir au niveau de certains secteurs.
Etant également fortement dépendante de l’économie européenne, l’activité
économique du Royaume sera inévitablement impactée par le repli de la croissance européenne. Pour rappel, l’UE représente plus de 58% des exportations marocaines, 59% du stock d’IDE, 70% des recettes touristiques et 69% des transferts des Marocains Résidant à l’Etranger (MRE).
Impact sur l’économie nationale :
A. Au niveau de la croissance :
Suite à la réunion trimestrielle de son conseil d’administration le 17 mars, la Banque centrale marocaine a revu à la baisse ses prévisions de croissance nationale pour 2020 de 3,8% à 2,3% compte tenu de l’effet conjugué de la mauvaise récolte céréalière et de la propagation au niveau mondial de la pandémie. “Les conditions actuelles suggèrent que nous nous acheminons vers la plus faible croissance des 20 dernières années”, selon le Haut-Commissaire au Plan. Bank Al-Maghrib a par conséquent décidé de réduire son taux directeur de 25pbs à 2% afin de soutenir l’activité économique nationale.
Le Centre Marocain de Conjoncture table, pour sa part, sur une croissance limitée à 0,8% en 2020.
B. Au niveau de la consommation et de l’investissement :
Compte tenu du gel des activités des entreprises, de la hausse attendue du taux de chômage ainsi que des mesures sanitaires entreprises (confinement, fermeture de restaurants, de cafés, d’usines, etc.), une baisse de la consommation des ménages (hors produits de première nécessité) et de l’investissement devrait être attendue.
Au niveau du commerce :
L’impact actuel sur le commerce semble contenu au vu des conditions normales observées de transit et de transport des marchandises. Des risques d’approvisionnement au niveau du marché marocain en intrants importés et de baisse de la demande étrangère restent, néanmoins, envisageables.
En effet, la crise pourrait impacter le commerce extérieur du Maroc qui représente 32% du PIB. D’après une étude de CFG Bank, une baisse de 20% des volumes totaux de biens échangés est attendue, équivalant à une perte de 2,6 millions tonnes chaque mois à partir de mars 2020.
Au niveau de la balance commerciale, un ralentissement des exportations reste probable au vu de la perturbation des chaînes d’approvisionnement, de l’allongement des délais de traitement des dossiers et de la baisse de la demande étrangère adressée au Maroc.
En parallèle et étant donné la mauvaise récolte céréalière actuelle, le pays est contraint d’importer massivement des produits de première nécessité comme le blé ou le maïs. A ce titre, un décret en cours d’adoption, prévoit la suspension des droits de douane à l’importation jusqu’au 15 juin du blé tendre, du blé dur et des légumineuses (pois- chiche, lentilles, fèves, haricot blanc) jusqu’à nouvel ordre.
Cette hausse des importations pourrait être compensée par le déclin des cours du pétrole (actuellement à moins de USD 30 le baril) devant permettre au pays de réduire sa facture énergétique.
Au vu des tensions qui semblent émerger sur les réserves en devises, le Directeur Général des Douanes a adressé une demande à l’Association des importateurs de véhicules AIVAM afin de réduire au strict minimum les importations en négociant avec les fournisseurs le report de celles-ci.
A noter que dans le cadre des mesures entreprises dans le cadre de la crise du Covid-19, les expéditions de masques chirurgicaux, de préparations antiseptiques et de masques de protection ont été soumises à licence.
Une entreprise européenne a signalé avoir rencontré des restrictions à l’exportation depuis le Maroc de produits pharmaceutiques (la Délégation vérifie si le problème touche plus d’une entreprise).
Globalement, l’impact du Covid-19 sur le commerce varie par secteur. Alors que certains secteurs exportateurs, tels que le textile et l’automobile pâtissent des conséquences de la crise (détails dans la section suivante), d’autres, notamment le secteur des fruits et légumes, en bénéficient.